80 ans de l’ouverture d’Auschwitz : dans les camps de concentration, les chants de l’enfer [REDIFF]
Jan 28, 2025
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Thomas Saint-Tourin, journaliste au Monde, explore l'histoire d'Alexander Kulisiewicz, un musicien rescapé qui a immortalisé les chants des camps de concentration. Il parle de l'accident qui a changé la vie d'Alexander et de son arrestation par la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Saint-Tourin met en avant comment la musique est devenue un acte de résistance et de mémoire au milieu des horreurs vécues. Enfin, il aborde les efforts pour préserver l'héritage musical d'Alexander, essentiel pour la commémoration de ces tragédies.
Aleksander Kulisiewic, musicien polonais rescapé d'Auschwitz, a utilisé la musique pour préserver la mémoire des victimes des camps de concentration.
Malgré l'oubli initial de son travail, les archives de Kulisiewic ont été redécouvertes dans les années 1990, soulignant l'importance de son héritage.
Deep dives
L'histoire d'Alexander Koulissevitz
Alexander Koulissevitz, un musicien polonais, a passé plus de cinq ans dans le camp de concentration de Sachsenhausen pendant la Seconde Guerre mondiale, où il a développé une mémoire exceptionnelle. Grâce à ce don, il a pu mémoriser et conserver les chansons et poèmes composés par d'autres détenus, agissant ainsi comme un archiviste de leur souffrance. Son engagement à préserver ces œuvres a été perçu comme une menace par les autorités du camp, mais il a persisté, considérant cela comme sa mission pour immortaliser la voix des victimes. Koulissevitz a ensuite dédié sa vie à donner une place aux souvenirs des camps à travers la musique qu’il a collectée.
Les défis de la mémoire collective
Après la guerre, Koulissevitz a fait face à des défis pour partager son travail, tant sur le plan personnel qu'institutionnel. Beaucoup de survivants et de familles endeuillées ne souhaitaient pas évoquer les horreurs vécues, ce qui rendait difficile la transmission de ses archives. Malgré cette résistance, il a trouvé une oreille attentive parmi la jeunesse antifasciste allemande, qui a répondu à son appel à la mémoire par le biais de concerts et festivals. Sa mission est devenue encore plus cruciale à une époque où la douleur du passé était encore trop vive pour beaucoup.
La postérité de son œuvre
À sa mort, Koulissevitz avait accumulé un vaste corpus de chansons, poèmes et documents relatifs aux camps, mais son travail de mémoire était loin d’être reconnu. Initialement, le patrimoine musical qu'il a collecté a été rejeté par les institutions, mettant en évidence l'oubli et la complexité de son héritage. Ces archives n'ont été découvertes que dans les années 1990, lorsqu'elles ont été ramenées à Washington pour une étude plus approfondie. Aujourd'hui, son histoire reste peu connue, et la préservation de cette mémoire à travers ses œuvres soulève encore des questions brûlantes sur la manière de rendre hommage aux souffrances passées.
Il y a 80 ans, l’Armée rouge entrait dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, devenu le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie. Ce lundi 27 janvier, des cérémonies se sont tenues en Pologne, sur le site de cet ancien camp, en présence d’une cinquantaine de survivants. Certains d’entre eux ont passé leur vie à raconter leur histoire, à témoigner de l’horreur des camps, notamment auprès des jeunes.
Aujourd'hui, nous vous proposons donc de redécouvrir l’histoire d’Aleksander Kulisiewic, rescapé du camp de concentration de Sachsenhausen, en Allemagne. Ce musicien polonais a grandement contribué au travail de mémoire, par le biais de sa spécialité : la musique.
Un épisode de Morgane Tual, diffusé pour la première fois le 30 septembre 2021. Réalisation : Roland Richard.
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