Syrie : comment le régime de Bachar Al-Assad est-il tombé ?
Dec 12, 2024
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Gilles Paris, éditorialiste au Monde et ancien correspondant à Jérusalem, aborde la chute inattendue du régime syrien de Bachar Al-Assad. Il raconte comment les rebelles, menés par Ahmed Al-Charaa, ont rapidement repris des villes clés comme Damas. Paris évoque le contexte géopolitique complexe influençant cette dynamique, ainsi que la réinvention d'anciens extrémistes en leaders modérés. Il explore les nouvelles alliances arabes et l'espoir grandissant des Syriens pour une libération politique.
La chute inattendue du régime de Bachar al-Assad a été marquée par une offensive rapide des rebelles, profitant de forces loyalistes mal préparées.
Ahmed Al-Shara, leader rebelle, tente de modérer sa stratégie pour gagner la confiance internationale tout en influençant l'avenir politique de la Syrie.
Deep dives
Chute rapide du régime de Bachar al-Assad
Le régime de Bachar al-Assad, après 13 années de guerre, a chuté de manière inattendue en quelques jours, laissant Damas entre les mains des rebelles. Cette offensive rapide a été menée par une coalition de groupes islamistes, dont Hayat Tahrir al-Sham, qui a profité d'une situation chaotique et de la désaffection au sein des forces loyalistes. Les troupes syriennes, mal équipées et démoralisées, se sont retirées sans réelle résistance, ce qui a permis aux rebelles de s'emparer de grandes villes comme Alep et Homs. L'absence de combats majeurs pendant cette offensive a également causé une panique parmi la population, qui a tenté de se préparer à l'inévitable changement de régime.
Contexte géopolitique de la révolte
La chute du régime Assad est survenue dans un contexte géopolitique complexe, influencé par divers conflits régionaux et le changement d'attitude des puissances soutenant le régime. Le soutien traditionnel de la Russie et de l'Iran à Assad s'est affaibli, facilitant ainsi l'ascension des rebelles. Des événements récents, comme les violences en Israël, ont également redessiné la carte des acteurs régionaux, renforçant la position de pays comme la Turquie qui voient une opportunité de renforcer leur influence. Ce contexte a permis aux rebelles de profiter d'une dynamique favorable pour établir leur contrôle sur des territoires clés.
Ahmed Al-Shara et l'avenir de la Syrie
Ahmed Al-Shara, le leader du groupe rebelle, a réorienté sa stratégie en affichant un désir de modération, ce qui pourrait influencer l'avenir politique de la Syrie. Né en Arabie Saoudite, Al-Shara a un parcours marqué par une radicalisation qui l'a conduit à fonder des groupes violents, mais il semble désormais adopter une approche plus centrée sur la Syrie. En mettant en place une administration semi-technique à Idlib et en adoptant une apparence moins radicale, il tente de gagner la confiance de la communauté internationale et des pays arabes. La question demeure quant à la sincérité de ce changement et à ses véritables intentions pour la Syrie post-Assad.
En mars 2011 débutait, dans le sillage des printemps arabes, une vague de protestation sans précédent en Syrie. Inspirées par ce qui se passait dans d’autres pays comme la Tunisie ou l’Egypte, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer le pouvoir autocratique de Bachar Al-Assad et celui de son père, Hafez, avant lui.
Un mouvement que le régime a violemment réprimé dans le sang, entraînant une guerre civile entre forces loyalistes et des groupes rebelles en lutte pour renverser Assad. Le conflit aura fait, en treize ans, 500 000 morts et des millions de déplacés.
Avec l’appui de la Russie, le régime a tenu. Jusqu’au 27 novembre, où à la faveur d’une offensive éclair, les rebelles ont repris Alep, Homs et la capitale Damas en quelques jours, tandis qu’Assad fuyait en Russie.
Comment expliquer la rapidité de la chute du régime ? Qui est Ahmed Al-Charaa, connu sous son nom de guerre Abou Mohammed Al-Joulani, le leader du principal groupe armé qui a mené l’offensive ? Une transition du pouvoir dans le calme peut-elle avoir lieu ?
Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Gilles Paris, ancien correspondant à Jérusalem, raconte la chute du régime.
Un épisode de Garance Muñoz et Cyrielle Bedu. Présentation et rédaction en chef : Jean-Guillaume Santi. Réalisation : Alexandre Ferreira. Dans cet épisode : extrait de reportage de Reuters datant du 24 mars 2011 ; extrait d’interview recueilli par Reuters le 9 décembre 2024 ; prise de parole d’Ahmed Al-Charaa, connu sous son nom de guerre, Mohammed Abou Al-Joulani le 8 décembre 2024.
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