Dans ce podcast, Lorraine Daston, historienne des sciences et directrice émérite de l'Institut Max Planck, discute des dynamiques entre objectivité et subjectivité en science. Elle explore l'évolution de l'observation clinique, des contributions des femmes en sciences et la tension entre vérités naturelles et données scientifiques. Daston aborde également l'impact des catastrophes écologiques sur nos conceptions de la nature et souligne l'importance des valeurs épistémiques dans la recherche, ainsi que les innovations dans les outils de calcul.
L'évolution de l'objectivité dans la science révèle qu'elle est un processus complexe, lié aux méthodes de représentation au fil du temps.
Les collaborations entre chercheurs, transcendant les récits traditionnels d'individualisme, redéfinissent la dynamique du progrès scientifique moderne.
L'approche pluridisciplinaire enrichit l'étude des sciences en fusionnant des connaissances variées et en évitant les limitations des spécialités traditionnelles.
Deep dives
L'objectivité dans l'histoire des sciences
La notion d'objectivité a évolué de manière significative au cours des siècles, marquant une transformation dans la manière dont les scientifiques perçoivent leur travail. Lorraine Daston souligne que l'objectivité n'est pas simplement un idéal, mais aussi une pratique qui s'est développée à travers diverses méthodes de représentation au sein de la science. Par exemple, les scientifiques de l'époque ont cherché à produire des images qui capturaient l'essence d'une plante tout en évitant les détails superflus qui pourraient obscurcir leur but. Ces changements soulignent que l'objectivité ne doit pas être perçue comme une simple absence de subjectivité, mais plutôt comme un processus complexe et nuancé lié à l'évolution des méthodologies scientifiques sur le long terme.
La science comme effort collectif
L'histoire des sciences moderne s'inscrit désormais dans une approche collective, remettant en question l'idée traditionnelle d'un progrès scientifique isolé et éminent. Daston évoque comment les collaborations entre chercheurs, qu'ils soient hommes ou femmes, sont devenues une caractéristique fondamentale du développement scientifique. Ce modèle d'effort collaboratif contraste avec les récits précédents qui se concentraient davantage sur des figures individuelles de génie, introduisant ainsi une vision plus nuancée et représentative de l'évolution scientifique. Les chercheurs interagissent et s'influencent mutuellement, ce qui redéfinit la dynamique du progrès et de l'innovation dans la science contemporaine.
Vers une approche pluridisciplinaire
Lorraine Daston met en lumière l'importance d'une approche pluridisciplinaire dans l'histoire des sciences, où les frontières entre disciplines deviennent de plus en plus floues. Elle illustre ce point à travers son propre parcours académique, qui a traversé l'astronomie, la philosophie et l'histoire, soulignant que ces trajectoires variées enrichissent le champ d'étude des sciences. Cette hybridation des connaissances permet de faire émerger de nouvelles perspectives et théories, intégrant des éléments de différentes disciplines pour mieux comprendre les pratiques scientifiques. Ainsi, l'exploration de l'histoire des sciences devient une quête qui dépasse les limitations des spécialisations traditionnelles.
La fluidité des frontières disciplinaires
La discussion sur les frontières des disciplines scientifiques révèle des transformations continues et des interconnexions qui remettent en question des classifications rigides. Daston explique que certaines disciplines, comme l'astronomie et la musique, qui sont aujourd'hui considérées comme distinctes, partageaient autrefois une proximité opérationnelle. Ce phénomène souligne l'évolution des notions de classification des sciences et reflète comment les pratiques scientifiques transcendent souvent ces limites. Cette fluidité propose une nouvelle façon de réfléchir à l'organisation des savoirs, qui est en mutation constante, influencée par les avancées technologiques et l'évolution des méthodologies.
Les conceptions de la nature et leur usage
Daston explore trois conceptions traditionnelles de la nature, chacune ayant des implications profondes sur la manière dont les individus perçoivent et justifient des ordres sociaux et moraux. La nature spécifique définit les caractéristiques essentielles des êtres et des objets, tandis que la nature locale prend en compte le contexte environnemental. La troisième conception, les lois universelles de la nature, confère à des phénomènes naturels une manière de régir le monde au-delà des particularismes culturels. En examinant ces visions, elle met en évidence comment elles enrichissent notre compréhension de la moralité humaine et comment elles influencent des débats contemporains sur des questions éthiques.
durée : 00:58:17 - La Science, CQFD - par : Natacha Triou, Antoine Beauchamp - Le 21 novembre 2024, l’historienne des sciences américaine Lorraine Daston recevait le Prix Balzan 2024. Ses recherches l’ont notamment amenée à étudier les concepts d'ordre moral, d'ordre de la nature, leurs relations, mais aussi d'objectivité dont elle a retracé l'histoire. - réalisation : Olivier Bétard - invités : Lorraine Daston Historienne américaine des sciences, directrice du Max Planck Institute for the History of Science de Berlin
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