Israël-Palestine : les origines d’un conflit sans fin (2/5)
Apr 8, 2025
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Benjamin Barthe, journaliste au service International du Monde et spécialiste du conflit israélo-palestinien, explore les origines du sionisme lors de cette discussion. Il évoque les premières émigrations juives en Palestine et la création de colonies agricoles. Barthe met également en lumière les tensions économiques croissantes avec les paysans arabes. Les contradictions du sionisme sont discutées, ainsi que le soutien britannique via la Déclaration Balfour, qui a profondément influencé la dynamique de la région.
Le mouvement sioniste a débuté avec des émigrations juives en Palestine entre 1881 et 1890, suscitant des tensions avec la population arabe locale.
Le soutien britannique au sionisme, notamment à travers la déclaration de Balfour en 1917, a exacerbé les complexités du conflit israélo-palestinien.
Deep dives
Les premiers mouvements d'émigration juive vers la Palestine
Entre 1881 et 1890, la première ALIA marque le début des mouvements d'émigration juive vers la Palestine, avec environ 10 000 migrants fondant des colonies agricoles le long de la plaine côtière. Ce mouvement, soutenu par des philanthropes comme le baron Rothschild, se produit alors qu'il existe déjà une population juive historique dans la région, estimée à 25 000 personnes. Toutefois, il est important de noter que seule une minorité de la communauté juive en Europe choisit la Palestine comme destination, la majorité optant pour l'Amérique du Nord afin d'échapper aux persécutions. Les tensions commencent à émerger entre les nouveaux arrivants et la population arabe locale, qui voit ces migrants avec méfiance en raison des ressources financières qu'ils apportent et des changements inévitables qu'ils entraînent sur les terres agricoles.
L'échange entre Youssef Diyah el Khalidi et Théodore Herzl
En mars 1899, Youssef Diyah el Khalidi, ancien maire de Jérusalem, écrit à Théodore Herzl pour aborder les implications du mouvement sioniste. Il reconnaît d'une part le lien historique des Juifs avec la Palestine, mais met aussi en garde contre l'idée de créer un État juif souverain dans un pays à majorité arabe. Cet échange illustre les ambiguïtés du projet sioniste, où la volonté d'émancipation nationale des Juifs entre en conflit avec la réalité démographique et politique de la Palestine. Herzl répond en tentant de rassurer Khalidi sur la possibilité d'une coexistence pacifique entre Juifs et Arabes, mais ces tensions soulignent les contradictions du sionisme, qui combine à la fois la quête de sécurité pour les Juifs et une expansion coloniale.
Le soutien britannique et la Déclaration Balfour
Le soutien du Royaume-Uni, notamment sous la direction de Lord Arthur James Balfour, devient essentiel pour le projet sioniste au début du XXe siècle. Les Britanniques croient que la création d'un État juif pourrait aligner leurs intérêts stratégiques au Proche-Orient, surtout en période de guerre, notamment pendant la Première Guerre mondiale. Balfour déclare officiellement sa faveur pour un foyer national juif en Palestine en 1917, tout en stipulant que cela ne devrait pas nuire aux droits des populations non-juives. Cette déclaration crée des complexités, soulignées par l'écrivain Arthur Kessler, qui note que cela équivaut à une nation promettant le territoire d'une troisième, mettant en lumière les complications futures de cette promesse.
« L’Heure du Monde » revient dans cinq épisodes sur les origines du conflit israélo-palestinien, qui voit depuis des décennies deux peuples se déchirer pour une même terre.
Dans ce deuxième épisode, Benjamin Barthe, journaliste au service International du Monde, nous raconte comment le sionisme se concrétise avec les premières émigrations de juifs vers la Palestine et grâce à l’aide d’une puissance majeure à l’époque, le Royaume-Uni, et de son premier ministre, Lord Balfour.
Un épisode de Cyrielle Bedu et Garance Muñoz. Réalisation : Quentin Bresson. Présentation et rédaction en chef : Jean-Guillaume Santi.