Coline Clavaud-Mégevand, journaliste au magazine "M Le Monde", explore la disparition mystérieuse des biscuits Fingers. Elle remet en question la stratégie marketing de Mondelēz et son impact sur la consommation. Les auditeurs découvrent les parallèles avec d'autres disparitions de biscuits, et l'importance émotionnelle de ces produits dans notre culture alimentaire. L'analyse révèle aussi l'héritage historique des Fingers, tout en s'interrogeant sur l'évolution des mentalités face à l'industrialisation de l'alimentation.
La disparition des Fingers soulève des questions sur la communication des entreprises et la transparence envers les consommateurs.
L'attachement émotionnel des consommateurs aux biscuits industriels révèle l'impact de l'industrialisation sur les souvenirs et la culture alimentaire.
Deep dives
La mystérieuse disparition des Fingers
Les Fingers, un biscuit chocolaté emblématique, ont récemment disparu des rayons en France sans aucune explication officielle, laissant les consommateurs perplexes. La situation est d'autant plus surprenante qu'il n'y a eu ni annonce ni communication de la part de Mondelez, la société qui commercialise ce produit, provoquant une frustration chez les fans. Cette disparition s'ajoute à un contexte plus large de consolidation et de fusion dans l'industrie agroalimentaire, où les responsabilités des grandes entreprises sont souvent floues. Les consommateurs se retrouvent ainsi dans un flou total, sans comprendre pourquoi un produit aussi prisé a disparu sans avis préalable, d'autant plus que des précédents, comme le Figolus, avaient suscité une réponse publique active de la part des marques.
L'attachement émotionnel aux biscuits
L'attachement des consommateurs aux biscuits comme les Fingers va bien au-delà de la simple gourmandise, il s'agit d'une connexion émotionnelle profonde. Des experts, comme Sophie Thiron, expliquent que ces produits industriels évoquent des souvenirs de moments partagés, encapsulant une certaine constance et réconfort dans un monde en changement. Les consommateurs associent ces biscuits à des périodes spécifiques de leur vie, créant des ''Madeleines de Proust'' personnelles qui renforcent leur désir de retrouver ces goûts familiers. Ainsi, la disparition soudaine des Fingers est perçue comme une rupture de confiance entre la marque et ses consommateurs, un coup porté à des souvenirs précieux.
Une histoire de l'industrie alimentaire
L'histoire des Fingers remonte au 19e siècle avec John Cadbury, qui a fondé une petite boutique dédiée au chocolat, symbolisant à l'origine un produit artisanal et accessible. Cependant, avec le temps, cette entreprise familiale a été intégrée dans un vaste groupe multinational, Mondalez, qui se concentre sur la production de biscuits très transformés et à faible qualité nutritionnelle. Cette transition vers l'industrialisation a non seulement modifié le produit lui-même, mais a également conduit à une dilution de la culture et de l'histoire qui entouraient les Fingers. Désormais, en plein cadre de rationalisations et de décisions économiques, des produits comme les Fingers deviennent des éléments anecdotiques dans un empire alimentaire colossal, illustrant comment le parcours de la production alimentaire a dérivé vers la logique du marché global.
Mais où sont donc passés les Fingers ? Depuis quelques mois, ces biscuits chocolatés, très sucrés, et commercialisés par le groupe Mondelez se sont volatilisés des rayonnages français, sans la moindre explication. A l’instar des Figolu, en 2015, d’autres biscuits ont déjà disparu, avant de réapparaître, à la suite d’une mobilisation des consommateurs. Cette fois, l’histoire semble être différente.
Alors comment expliquer qu’un produit aussi connu puisse disparaître sans explications ? Est-ce que cela pourrait être un coup de communication ? Et qu’est-ce que cela dit de notre rapport à l’alimentation quand nos produits fétiches sont devenus massivement industrialisés ?
Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Coline Clavaud-Mégevand, journaliste, revient sur l’enquête qu’elle a menée sur le sujet pour « M Le magazine du Monde ».
Un épisode produit et présenté par Adèle Ponticelli avec l’aide de Marion Bothorel. Réalisation : Quentin Bresson. Musiques : Amandine Robillard. Episode publié le 16 décembre 2024. --- Pour soutenir "L'Heure du Monde" et notre rédaction, abonnez-vous sur abopodcast.lemonde.fr