Audrey Garric, journaliste au service Planète du Monde, discute des enjeux cruciaux de la COP29, décrite comme la conférence 'du cash ou du clash'. Elle souligne l'importance du financement climatique pour les pays en développement et le rôle central des pays développés face à leur responsabilité historique. Les conséquences du retour de Donald Trump sur les politiques climatiques ainsi que les tensions géopolitiques ajoutent une complexité supplémentaire à cette rencontre. Malgré des absences notables de dirigeants, cette COP demeure essentielle pour l'avenir des accords climatiques.
La COP29 est essentielle pour établir un nouvel objectif mondial de financement climatique afin d'aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique.
Le contexte géopolitique tendu et le scepticisme des leaders, comme Donald Trump, compromettent la coopération nécessaire pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Deep dives
L'importance décisive de la COP 29
La COP 29, qui se tient à Bakou, est considérée comme cruciale en raison de son rôle déterminant dans le succès de l'accord de Paris. Ce sommet est le moment où les pays doivent accroître leurs objectifs climatiques pour lutter contre un réchauffement prévu de 3,1 degrés d'ici la fin du siècle. L'accord de Paris, signé en 2015, vise à limiter cette augmentation bien en dessous de 2 degrés, avec un objectif idéal de 1,5 degré. Ainsi, chaque plan d'action qui sera présenté au cours de cette COP sera essentiel pour assurer l'avenir climatique de la planète.
Contexte géopolitique et désintérêt global
Le désintérêt manifeste pour cette COP 29 peut être attribué à plusieurs facteurs, y compris le climat géopolitique tendu, marqué par des conflits majeurs tels que ceux à Gaza et en Ukraine. Ce contexte a tendance à reléguer les questions climatiques au second plan, malgré la succession ininterrompue de catastrophes environnementales. De plus, l'élection récente de Donald Trump inquiète les acteurs climatiques, car son scepticisme face au changement climatique pourrait freiner les avancées déjà réalisées. La réintégration des États-Unis dans l'accord de Paris pourrait donc être compromise, ce qui menace la coopération internationale nécessaire pour lutter contre le changement climatique.
L'objectif financier de la COP 29
Un des principaux objectifs de la COP 29 est d'établir un nouvel objectif mondial de financement climatique, qui remplacerait l'engagement de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à s'adapter et atténuer les effets du changement climatique. Le nouvel objectif, souvent discuté en termes de milliers de milliards de dollars, doit refléter la réalité croissante des impacts climatiques. Les pays en développement exigent également une révision des conditions de ce financement, cherchant davantage de dons plutôt que de prêts pour éviter d'aggraver leur endettement. La capacité de cette COP à établir un financement solide est essentielle pour renforcer la confiance entre les pays du Nord et du Sud.
La COP29 sera celle « du cash ou du clash », résume un observateur. Pour que les pays puissent limiter leurs émissions de CO2, s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique et mener à bien leur transition, des financements sont nécessaires. Et c’est ce dossier crucial qui est posé sur la table des négociations de cette COP.
Plus précisément, l’objectif fixé pour ce sommet est de dessiner les contours d’une nouvelle aide climatique destinée aux pays en développement et financée par les pays développés, en raison de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Mais quel sera le montant de cette aide ? A quoi servira-t-elle ? Qui va en bénéficier ? Et surtout, qui va l’abonder ?
A toutes ces questions sensibles, s’ajoute un contexte géopolitique tendu. Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient viennent compliquer les discussions. La victoire de Donald Trump, climatosceptique de longue date, à l’élection présidentielle américaine est venue rebattre toutes les cartes à quelques jours de l’ouverture du sommet.
Pourquoi les résultats de cette COP29 sont-ils si déterminants pour la suite ? Et comment expliquer que la grande messe annuelle sur le climat soit boudée cette année ?
Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Audrey Garric, journaliste en charge des questions climatique au service Planète du "Monde", nous explique pourquoi la COP29, bien que boudée par de nombreux chefs d’Etat ou de gouvernement du G20, est tout sauf mineure.
Un épisode d’Adèle Ponticelli, Claire Leys et Diane Jean. Réalisation et musiques : Amandine Robillard et Epidemic Sound. Rédaction en chef et présentation : Adèle Ponticelli. Extraits : discours de Sultan Al-Jaber à la COP28, le 13 décembre 2023 ; discours de Donald Trump en Floride, le 6 novembre 2024 ; discours de Donald Trump à la convention nationale du Parti républicain, le 18 juillet 2024
Épisode publié le 11 novembre 2024.
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