Dans cet entretien captivant, Hélène Sallon, correspondante du Monde à Beyrouth et experte en politique libanaise, analyse la fragilité de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Elle évoque les tensions persistantes qui affectent la sécurité au Liban, les répercussions des bombardements israéliens, et la lutte du Hezbollah pour maintenir le soutien populaire tout en se réorganisant après le conflit. La situation à Beyrouth est délicate, avec un retour incertain vers la paix pour les Libanais.
L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est précaire, soumis à des violations mutuelles qui menacent sa durabilité.
La situation exige une implication sérieuse des parties pour instaurer une paix réelle, malgré les enjeux politiques sous-jacents.
Deep dives
Fragilité de l'accord de cessez-le-feu
L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est considéré comme précaire, surtout après une semaine d'hostilités persistantes. Au moins 11 personnes ont été tuées par des bombardements israéliens, tandis que le Hezbollah a riposté en tirant des roquettes. Les deux camps s'accusent mutuellement de violer l'accord, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa durabilité. La situation sur le terrain démontre un besoin urgent de stabilité et d'engagement sincère des deux parties pour une résolution durable du conflit libanais.
Les enjeux politiques derrière l'accord
L'accord est le résultat de négociations menées par les États-Unis et la France, visant à mettre fin à une guerre qui a coûté la vie à de nombreuses personnes des deux côtés. Israël a accepté de mettre fin à ses opérations au Liban, ayant atteint une position favorable sur le terrain, ce qui pourrait être interprété comme une stratégie politique pour Benjamin Netanyahou. La décision de cesser le feu semble être davantage motivée par des considérations politiques que par une réelle volonté de paix, vu que les combats ont lourdement affaibli le Hezbollah. Ainsi, les motivations sous-jacentes pourraient compromettre l'exécution de l'accord.
Retour des populations et destruction au Liban
L'accès limité à certaines zones ainsi que les réticences liées aux bombardements israéliens ont rendu le retour des populations déplacées complexe et risqué. Environ 20% de la population libanaise a été déplacée depuis le début du conflit, et le retour massif des réfugiés suggère un espoir de stabilisation malgré les risques. Cependant, de nombreuses personnes sont confrontées à des paysages de destruction, et le Hezbollah est attendu pour participer à la reconstruction des villes dévastées pour maintenir son soutien local. Cette situation pose la question de la capacité du Hezbollah à remplir ce rôle tout en naviguant dans un environnement affaibli sur le plan militaire.
Le cessez-le-feu au Liban tient bon, mais jusqu’à quand ? L’accord a mis fin à deux mois d’une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, qui a ravagé le sud du pays, et prévoit le retrait de l’armée israélienne du Liban dans un délai de soixante jours. Le Hezbollah doit quant à lui démanteler son infrastructure militaire dans le sud du pays.
Seulement, Israël et le Liban s’accusent mutuellement d’avoir violé l’accord à plusieurs reprises, et le maintien de la trêve semble donc de plus en plus compromis. Les attaques les plus meurtrières depuis le début de la trêve ont eu lieu lundi 2 décembre : au moins 11 personnes ont été tuées par des bombardements israéliens, selon le ministère de la santé libanais. De son côté, le Hezbollah a tiré plusieurs roquettes en direction d’une bande de terre occupée par Israël. L’accord est-il en train de vaciller ? Que contient-il exactement ? Et à qui profite-t-il ? Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Hélène Sallon, la correspondante du Monde à Beyrouth, répond à toutes ces questions.
Un épisode d’Adèle Ponticelli, produit avec Marion Bothorel et Claire Leys. Réalisation : Florentin Baume. Musiques originales : Amandine Robillard. Dans cet épisode : extrait d’une prise de parole d’Emmanuel Macron le 26 septembre 2024 ; d’un reportage de Franceinfo diffusé le 27 septembre 2024 ; de deux reportages de France 24, diffusés les 17 septembre 2024 et 27 novembre 2024 ; d’une prise de parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le 27 novembre 2024.