Dans ce dialogue captivant, Pascale Santi, journaliste au service Santé du Monde, dévoile les enjeux critiques de l'addiction aux médicaments en France. Elle explique pourquoi les opioïdes et les benzodiazépines deviennent des sujets de santé publique majeurs. Les chiffres sont alarmants : plus de 12 millions de Français consomment ces substances. Santi analyse les nouvelles mesures de prescription sécurisée et aborde l'importance de la vigilance face à ces traitements, révélant les dangers d'une dépendance insidieuse.
La dépendance aux médicaments comme les opioïdes et les benzodiazépines est un enjeu de santé publique majeur en France, suscitant des mesures gouvernementales récentes.
Les professionnels de santé doivent informer davantage les patients des risques de dépendance liés à la consommation de ces médicaments et envisager des solutions de déprescription.
Deep dives
Problématique de dépendance aux médicaments
La dépendance aux médicaments en France est un problème croissant, avec environ 22 millions de Français consommant des médicaments comme les benzodiazépines et les opioïdes. Ces substances, bien que prescrites pour traiter des douleurs ou de l'anxiété, présentent un risque significatif de dépendance, ce qui a conduit les autorités sanitaires à classer ce phénomène comme un enjeu de santé publique majeur. Le témoignage de Jean-Marie Haussard illustre les dangers de cette dépendance, où un usage initialement thérapeutique s'est transformé en une nécessité quotidienne de prise de morphine. La prise de conscience autour de cette addiction est récente, souvent déclenchée par des problèmes aigus de manque et des symptômes de sevrage qui deviennent inévitables pour les utilisateurs réguliers de ces substances.
Origines et effets des opioïdes et benzodiazépines
Les opioïdes, comme la morphine et le tramadol, et les benzodiazépines, comme le Xanax, sont des classes de médicaments connus pour leurs effets sur la douleur et l'anxiété en France. Les opioïdes agissent en atténuant la douleur tout en induisant une sensation de bien-être, rendant les utilisateurs dépendants de cet effet apaisant. Les benzodiazépines, quant à elles, ralentissent l'activité cérébrale, provoquant relaxation et somnolence, et créent également des risques de dépendance, souvent sous-estimés par ceux qui les prennent. La consommation élevée de ces médicaments en France, notamment 10 millions d'utilisateurs annuels de benzodiazépines, place le pays parmi les plus grands consommateurs en Europe, déclenchant ainsi des alertes de santé publique.
Solutions et préventions pour lutter contre l'addiction
Pour lutter contre la montée de la dépendance aux médicaments, des solutions de prise en charge sont mises en place, notamment au sein de structures telles que le CERLAM, qui offre des traitements adaptés et des conseils aux patients. Le processus de déprescription doit être envisagé dès l'initiation du traitement, avec une surveillance continue des addictions potentielles au cours du traitement. Les professionnels de santé sont encouragés à mieux informer leurs patients sur les risques associés à ces médicaments et à respecter les durées de prescription recommandées. Des mesures de sécurité, comme des ordonnances sécurisées à partir de 2025 pour certains médicaments, visent à réduire les possibilités de mésusage et à protéger les consommateurs.
A partir du 1er mars, les médicaments à base de codéine et de tramadol ne pourront être prescrits que sur ordonnance sécurisée et infalsifiable. Ces opioïdes sont depuis des années dans le viseur des autorités sanitaires françaises, en raison de leur risque élevé de générer une dépendance chez leurs usagers. Pourtant, plus de 12 millions de Français en consomment pour soulager leurs douleurs.
Mais ce ne sont pas les seuls médicaments à susciter l’inquiétude des médecins : pris pour atténuer une angoisse ou pour mettre fin à une insomnie, les benzodiazépines, comme le Xanax, le Valium, le Lexomil, le Stilnox ou encore le Temesta, peuvent aussi rendre dépendant. Ces derniers mois, plusieurs mesures ont été prises pour alerter sur ces risques, au point d’en faire un sujet de santé publique majeur.
Pourquoi cette prise de conscience est-elle si récente ? A quel moment faut-il se méfier de sa consommation de médicaments ? Et auxquels faut-il faire particulièrement attention ? Journaliste au service Santé du Monde, Pascale Santi répond à toutes ces questions dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde ».
Un épisode de Marion Bothorel. Réalisation : Florentin Baume. Présentation et suivi éditorial : Jean-Guillaume Santi. Musiques : Amandine Robillard et Epidemic Sound. Dans cet épisode : extraits du témoignage de Jean-Marie Ossart, d’interviews avec le docteur Benjamin Rolland et Mathieu Chappuy.
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