Imaginaires paysans 4/9 : Georges Duby : paysans et pouvoir, une histoire de domination
Feb 23, 2025
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Georges Duby, historien médiéviste et spécialiste de l'histoire rurale, éclaire les relations tumultueuses entre paysans et pouvoir. Il démontre que l'image du "paysan heureux" est un mythe, mettant en lumière l'exploitation féodale et la résistance des paysans face à leurs seigneurs. En explorant le rôle des marchands urbains et l'influence de l'Église, Duby révèle la complexité des dynamiques sociales du Moyen Âge. Un voyage éclairant à travers les luttes et les structures de pouvoir qui ont façonné l'histoire paysanne.
Georges Duby déconstruit l'idée d'un paysan heureux, révélant une histoire marquée par l'exploitation et des luttes constantes pour la survie.
La paysannerie a évolué sous la domination seigneuriale et étatique, menant à des tensions internes et à la formation d'une petite aristocratie paysanne.
Deep dives
L'évolution historique de la condition paysanne
Les relations entre paysannerie et pouvoir ont évolué au fil du temps, et cette dynamique remonte à l'époque gallo-romaine. À cette époque, les paysans étaient souvent réduits à l'esclavage, travaillant la terre pour le compte de leurs maîtres, alors que les aristocrates vivaient dans des villas luxueuses. Cette exploitation s'est progressivement transformée en système de servage, mais les paysans ont continué de subir des pressions importantes, rendant leur condition toujours douloureuse et conflictuelle. Duby remet ainsi en question l'idée reçue selon laquelle la vie paysanne aurait été paisible, soulignant plutôt les luttes qui ont jalonné leur histoire.
Le système seigneurial et ses conséquences
Au Moyen Âge, la société seigneuriale a pris le relais de l'exploitation paysanne, créant une hiérarchie stricte entre seigneurs et paysans. Les maîtres du sol possédaient une part importante des terres et percevaient des redevances en produits et en travail des paysans qui en utilisaient une partie pour survivre. Parallèlement, les seigneurs ecclésiastiques exerçaient également une pression significative, profitant des croyances spirituelles pour justifier leur pouvoir et les contributions obligatoires. Ce système de domination, bien que profondément inégalitaire, apportait aussi une certaine forme de sécurité sociale aux paysans, qui comptaient sur l'assistance des seigneurs en période de crise.
Transition vers une exploitation moderne
Le XIIIe siècle marque une période de transition significative pour la paysannerie, avec la résurgence des villes et l'émergence de l'État. À cette époque, les paysans subissent non seulement l'exploitation seigneuriale, mais aussi des prélèvements importants de la part de l'État, qui devient un acteur financier important. Cette pression accrue conduit à la nécessité pour les paysans de produire davantage pour subvenir à leurs besoins, avec des répercussions sur leur qualité de vie. Les relations entre paysans et marchands prennent également de l'ampleur, car ces derniers exercent une influence croissante sur le marché agricole, imposant leur propre forme d'exploitation.
Les luttes paysannes et la recherche de pouvoir
Face aux multiples formes d'exploitation, les paysans ont développé des stratégies de résistance et se sont organisés pour défendre leurs intérêts. Bien que leurs possibilités d'accéder au pouvoir demeurent limitées, certains ont réussi à gravir les échelons socio-économiques en devenant des intermédiaires entre seigneurs et paysans. Ce processus a amené à la formation d'une petite aristocratie paysanne qui pouvait en tirer profit en prêtant de l'argent et en contrôlant certaines terres. Cette stratification sociale a engendré des tensions au sein de la communauté paysanne elle-même, avec des fractures entre ceux qui prospéraient et ceux qui étaient laissés pour compte.
durée : 00:58:53 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda, Mathias Le Gargasson, Antoine Dhulster - Depuis toujours, la paysannerie a été exploitée et ponctionnée au profit des seigneurs puis des élites urbaines. Georges Duby explore ici ses relations complexes avec le pouvoir politique, déconstruisant l’image idéalisée du "paysan heureux" et révélant une histoire marquée par la domination. - réalisation : Massimo Bellini - invités : Georges Duby
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