La néophobie alimentaire des enfants a-t-elle une utilité ?

Jusqu'alors plutôt intéressé par tous les aliments que vous lui proposiez, voici que votre enfant se met à refuser en bloc tout ce qu'il ne connait pas. Ce phénomène de néophobie alimentaire, très courant chez les enfants de 2 ans, pourrait avoir eu son utilité chez nos ancêtres de la Préhistoire.

Le dilemme de l'omnivore

Paul Rozin, psychologue américain, parle volontiers de dilemme lorsqu'il évoque le comportement de recherche d'aliments de l'omnivore. L'Homme, pour assurer sa survie et sa santé, doit consommer de tout, comprendre, un maximum d'aliments diversifiés. Il lui faut donc développer une grande curiosité alimentaire. D'un autre côté, cette curiosité ne doit pas non plus le mener à s'empoisonner en goûtant des plantes qu'il ne peut pas consommer.

Si nos ancêtres ont réussi à survivre et à évoluer jusqu'à notre génération, c'est peut-être en partie grâce à la néophobie qui freine l'appétit de découverte des jeunes enfants. Mais pourquoi ce comportement se met-il en place à l'âge précis de 18 mois ou 2 ans ?

Autour de 18 mois, l'enfant commence à être sevré

Nourri principalement au lait la première année, le bébé d'Homme n'a pas grand risque de s'intoxiquer avant ses 1 an. Ses parents lui proposent ensuite des aliments qu'ils choisissent et introduisent à leur grès, en toute sécurité. En revanche, vers 18 mois, l'enfant est normalement capable de marcher et d'attraper lui-même des plantes ou des fruits pour les mettre en bouche. Cet âge, qui coïncide avec le servage progressif naturel, pouvait être source de danger pour le jeune enfant de la Préhistoire.

La néophobie alimentaire, qui se constate entre 18 et 24 mois environ, répond en partie à ce problème hérité du passé. Le fait de ne pas être attiré, voire d'être effrayé par la nouveauté évite que l'enfant ne se mette en danger en ingérant des aliments non introduits par les parents.

La néophobie alimentaire dans la société moderne

Si désormais, les bienfaits de la néophobie ne sont plus aussi flagrants, puisque l'accès aux aliments dangereux est limité, il est important de comprendre et de respecter cette période normale de refus. Ne pas forcer l'enfant mais lui proposer des aliments plusieurs fois, sous différentes formes, permet normalement de continuer à garantir l'équilibre alimentaire dans son assiette, jusqu'à ce qu'il soit de nouveau prêt à s'ouvrir à la nouveauté.

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