Au XVIIIe siècle, les naturalistes ont redéfini la notion de race pour l'associer à des critères biologiques et hiérarchiques.
Les discours racistes du XIXe siècle ont utilisé la biologie pour justifier la supériorité de certains groupes humains.
Malgré les critiques ultérieures, le concept de race a persisté dans les discussions scientifiques jusqu'aux années 1970, soulevant des préoccupations éthiques.
Deep dives
La transformation du concept de race
Le concept de race, qui a émergé au XVIIIe siècle, a été redéfini par des naturalistes pour lier les notions d'espèce et de variété. Au XIXe siècle, cette transformation scientifique a ainsi glissé vers une distinction et une hiérarchisation des races humaines, influençant les théories de l'évolution. Cette redéfinition a permis le développement de discours racistes, utilisant la biologie comme justification pour établir la supériorité de certains groupes humains. Les implications de cette évolution sont profondes, conduisant à une série de conséquences historiques lourdes.
Origines et usages de la notion de race
Le terme de race a une histoire qui remonte au moins au XVe siècle, où il était utilisé dans des contextes religieux, nobles et de sélection animale. En France, par exemple, la noblesse de race impliquait des lignages vertueux, tandis que l'élevage cherchait à améliorer les qualités des animaux par la sélection. De plus, des récits de voyages ont utilisé ce terme pour décrire des populations ayant une origine commune. Ainsi, la notion de race a évolué pour inclure des significations variées avant d'être intégrée à des études plus biologiques au XVIIIe siècle.
La dérive scientifique vers la hiérarchisation
Au XVIIIe siècle, la recherche scientifique a commencé à associer le concept de race à des critères biologiques, permettant une hiérarchisation des races humaines. Ce glissement est illustré par les travaux de scientifiques tels que Buffon et Kant, qui ont cherché des fondements naturels pour classifier les êtres vivants. Ces conceptions ont conduit à des classifications où des caractéristiques physiques déterminaient des capacités intellectuelles et morales, alimentant ainsi le racisme scientifique. Les conséquences de cette dérive ont été particulièrement marquantes, notamment dans les efforts de domination coloniale et les justifications de la ségrégation.
La biologisation de la race et ses abus idéologiques
La biologisation du concept de race a ouvert la voie à une distinction des races humaines qui a servi des buts idéologiques au XIXe siècle. Des figures comme Georges Cuvier ont contribué à établir des critères morphologiques pour la hiérarchisation des races, associant caractéristiques physiques et valeurs intellectuelles. Malgré leur prétendue neutralité scientifique, ces catégorisations ont été utilisées pour justifier des inégalités sociales et des pratiques discriminatoires, renforçant les idéologies racistes. Cela a eu des impacts dévastateurs, notamment dans le contexte de la colonisation et des guerres européennes.
La persistance de la notion de race
La notion de race n'a pas disparu après la Seconde Guerre mondiale ; au contraire, elle a été réaffirmée dans le domaine de la biologie jusqu'aux années 1970. Bien que des tentatives aient été faites pour dissocier la science de ses usages idéologiques, le concept de race a continué d'exister dans les débats scientifiques et sociaux. Ce n'est qu'ultérieurement que des critiques ont émergé, soulignant les risques que le concept pose face à la complexité des variations humaines. En retour, la génétique moderne s'est attachée à remettre en question la pertinence de la catégorie de race comme outil scientifique.
durée : 00:58:17 - Sciences chrono - par : Antoine Beauchamp - Comment au tournant du XIXe siècle les naturalistes en sont venus à construire un savoir scientifique autour de la notion de “race” ? Sciences Chrono interroge cette notion au prisme de l’histoire des sciences et essaye de comprendre comment ces savoirs ont pu alimenter des théories racistes. - réalisation : Olivier Bétard - invités : Claude-Olivier Doron Historien et philosophe des sciences
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