

Thématique : la situation de l’Église catholique, avec Danièle Hervieu-Léger
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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 23 mai 2025.
Avec cette semaine :
- Danièle Hervieu-Léger, sociologue des religions, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales.
- Isabelle de Gaulmyn, journaliste vaticaniste.
- Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.
- Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.
SITUATION DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE
Dans votre ouvrage Vers l’implosion. Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme, Danièle Hervieu-Léger, vous proposez une réflexion lucide et profonde sur la situation critique du catholicisme contemporain, notamment en Europe et en France. À travers votre dialogue avec Jean-Louis Schlegel, vous éclairez les dynamiques de fond qui ont conduit l’Église catholique à ce que certains qualifient de moment d’effondrement ou de bascule historique.
Pour vous, plusieurs séismes récents, et en particulier la publication du rapport de la CIASE en 2021, fonctionnent comme des révélateurs de fragilités systémiques enfouies de longue date. Loin d’être un accident isolé, cette crise est le symptôme d'une Église fragilisée par des décennies de blocages institutionnels, d’échecs dans la mise en œuvre du concile Vatican II, et d’une incapacité persistante à se réformer face aux évolutions de la société.
Votre analyse repose sur un constat fort : nous assistons à une "exculturation" progressive du catholicisme, c'est-à-dire à son retrait du tissu culturel commun. Plusieurs facteurs sociologiques — urbanisation, révolution familiale, transformations des représentations du corps et de la nature — ont peu à peu dissous la transmission religieuse automatique, marquant la fin du catholicisme comme matrice culturelle.
Dans ce contexte, vous soulignez que le catholicisme européen entre dans une phase de minorisation, où il ne pourra plus s’appuyer sur une position dominante dans la société. Pourtant, vous rappelez que l’effondrement du modèle traditionnel ne signifie pas la disparition pure et simple de la foi chrétienne : de nouvelles figures de croyance, des formes communautaires inédites, et un rapport personnel plus libre à la foi émergent.
Face aux crises successives, et notamment aux révélations des abus sexuels dans l’Église, vous insistez sur la nécessité urgente d'une transformation structurelle : réforme de la gouvernance, sortie du cléricalisme, reconfiguration du lien entre le centre romain et les périphéries locales, modernisation du langage et des modes de présence au monde.
Aujourd'hui, une question centrale se pose : l’Église catholique peut-elle survivre en inventant des formes de vie et de foi adaptées à une société postchrétienne, ou sombrera-t-elle dans une logique de repli et de nostalgie ? Peut-elle assumer son nouveau statut minoritaire de façon féconde, en devenant un lieu d'hospitalité, d'invention spirituelle et d'authenticité, plutôt qu'une forteresse défensive ?
Enfin, à travers cette réflexion, vous ouvrez une interrogation plus large : que signifie, pour l'Europe elle-même, la perte de l'héritage chrétien comme socle culturel vivant ? Peut-on imaginer une forme de fidélité au message évangélique en dehors du cadre institutionnel traditionnel ? Et quels chemins pourraient permettre à l'Église de demeurer un acteur spirituel pertinent dans le monde de demain ? Mais d’abord : pourquoi l’affaire des abus sexuels est-elle bien plus qu’une série de scandales isolés dans l’Église ?
Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
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