Daniel Sibony : Pourquoi le « Jihad » est voué à rater sa cible
Oct 27, 2024
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Daniel Sibony, psychanalyste et auteur de "Les non-dits d’un conflit", aborde avec sagacité les tensions israélo-palestiniennes. Il analyse l'échec du peuple israélien suite aux événements du 7 octobre, tout en examinant la mémoire historique et les identités en jeu. Sibony discute de la relation entre la Bible et le Coran, argumentant que le droit des Hébreux prévaudrait. Il met également en lumière le sacrifice des Palestiniens dans le cadre du jihad, et insiste sur la nécessité d'une diversité des discours pour comprendre l'identité.
Le conflit israélo-palestinien est enraciné dans une lutte existentielle, influencée par des siècles de tensions historiques et idéologiques.
Le discours sur le sacrifice, tant du côté palestinien que israélien, révèle des attentes contradictoires et une mécompréhension des réalités locales.
Deep dives
Un Conflit Histoire et Identité
Le conflit au Proche-Orient est profondément enraciné dans l'histoire et l'identité des peuples concernés, en particulier entre Juifs et Musulmans. Le 7 octobre a révélé une animosité latente, exacerbée par des siècles de tensions et de malentendus historiques. Les déclarations des dirigeants israéliens, qui ont négligé la réalité de la menace existentielle posée par certains groupes islamistes, témoignent d'une ignorance alarmante qui a permis à cette hostilité de s'intensifier. L'analyse souligne que cette dissension interne en Israël ne saurait être réduite à une simple contestation politique, mais doit être comprise comme une lutte pour l'existence même, exacerbée par les provocations externes.
La Haine chez les Djihadistes
Le discours islamique, et particulièrement le Coran, est souvent perçu comme une source de haine à l'égard des Juifs, ce qui alimente le terrorisme et les actes de violence. Cette haine est ancrée non seulement dans des textes religieux, mais aussi dans une perception d'impuissance face à l'existence d'un État juif en terre d'Islam. Les groupes comme le Hamas et le Hezbollah voient ce conflit non seulement comme une guerre pour un territoire, mais comme une guerre sainte pour éradiquer la présence juive, symbolisant un défi à leur propre identité. La rhétorique occidentale, qui réduit ces tensions à des questions de droits humains ou d'autodétermination, n'appréhende pas la profondeur idéologique et historique de ce conflit.
Dilemme du Sacrifice
La notion de sacrifice est centrale dans le discours sur le conflit israélo-palestinien, chaque camp présentant des attentes contradictoires à l'égard de l'autre. Les Palestiniens, en tant que victimes souvent invoquées, se trouvent pris dans un cycle où leur lutte est sacrée mais les pousse également vers une extermination potentielle. D'un autre côté, la société israélienne ne peut pas être attendue à se sacrifier pour protéger des civils au détriment de sa propre sécurité. Cette demande implicite de sacrifice, souvent issue des critiques occidentales, illustre une mécompréhension fondamentale des réalités sur le terrain et de la volonté d'auto-préservation de la population israélienne.
Le psychanalyste Daniel Sibony vient de publier aux Editions "Intervalles" un essai intitulé « Les non-dits d’un conflit ».
Dans un entretien pétillant, il dresse pour Mosaïque le bilan des réflexions accumulées depuis un an.
Fidèle à sa méthode, qui combine une connaissance intime des monothéismes et un savoir expérimental de l’inconscient des individus et des peuples, il ressaisit l’histoire du 7 octobre et la replace dans le temps long.
Conservant une bonne dose d’optimisme, il nous livre pour finir ses convictions : « La Bible ne se laissera pas recouvrir par le Coran car le droit des Palestiniens à cette terre ne tient pas devant le droit sur elle des Hébreux ». Et c’est pourquoi, selon lui, les Palestiniens, devenus une cause sacrée, sont aujourd’hui « sacrifiés » sur l’autel du Jihad.
Où l’on voit que Daniel Sibony est passé maître dans l’art de clairement dire les « non-dits ».