Ghazal Golshiri, journaliste au service International du Monde et envoyée spéciale dans le Rojava, éclaire la situation actuelle des Kurdes en Syrie. Elle aborde l'accord historique entre les Kurdes et le gouvernement syrien, marquant un tournant pour leur autonomie. Golshiri évoque les luttes des Kurdes contre Daesh et leur émancipation, autrefois entravée par la violence du régime. Les tensions croissantes avec les autres communautés et les enjeux géopolitiques soulignent la complexité de leur avenir dans un pays divisé.
L'accord historique entre le gouvernement syrien et les Kurdes pourrait transformer leur intégration au sein de l'État syrien tout en maintenant leur identité régionale.
Les relations conflictuelles avec la Turquie et l'incertitude du soutien américain compliquent grandement l'avenir politique et sécuritaire des Kurdes en Syrie.
Deep dives
L'accord historique entre le nouveau pouvoir syrien et les Kurdes
Un accord a été signé entre le gouvernement provisoire en Syrie et les autorités kurdes, marquant un moment historique pour cette minorité. Les détails de cet accord incluent l'intégration des institutions civiles et militaires kurdes au sein de l'État syrien, bien que les modalités exactes restent à définir. Ce développement soulève des questions sur l'avenir de l'autonomie kurde dans la région et d'éventuelles modifications des structures administratives au Rojava. Les Kurdes espèrent que cet accord pourrait aussi leur offrir plus de droits constitutionnels et culturels tout en maintenant leur identité au sein de la nouvelle Syrie.
Contexte historique des Kurdes en Syrie
Les Kurdes, une population d'environ 30 à 45 millions répartis principalement en Turquie, Iran, Irak et Syrie, ont longtemps subi des discriminations, notamment sous le régime de Bachar el-Assad. Avant la guerre, ils étaient souvent privés de droits fondamentaux comme l'accès à l'éducation dans leur langue ou la nationalité, entraînant des conséquences graves, y compris l'apatridie pour des centaines de milliers de Kurdes. Leur situation a évolué avec le retrait d'Assad en 2012, permettant aux Kurdes d'établir une autonomie dans le nord-est de la Syrie, connues sous le nom de Rojava, où ils ont également remporté des victoires significatives contre Daesh. Cependant, le sentiment de discorde persiste, notamment entre les Kurdes et les Arabes qui se sentent marginalisés par l'administration kurde.
Les enjeux géopolitiques et les relations avec la Turquie et les États-Unis
Les relations complexes entre les Kurdes, la Turquie et les États-Unis jouent un rôle crucial dans la dynamique de la région. La Turquie considère les aspirations kurdes comme une menace pour sa souveraineté, multipliant les opérations militaires contre les Kurdes pour créer une zone tampon. Pendant ce temps, les États-Unis ont soutenu les forces kurdes durant la lutte contre Daesh, mais leur engagement a fluctué avec l'évolution politique sous l'administration Trump. Les incertitudes concernant le maintien des troupes américaines et de l'aide humanitaire exacerbent les inquiétudes sur l'avenir du Rojava, rendant sa stabilité encore plus précaire.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, le dialogue entre les Kurdes syriens et le gouvernement de transition semblait mal engagé. Et pourtant, lundi soir, ils se sont mis d’accord. La présidence syrienne, qui cherche à unifier un pays divisé par treize ans de guerre civile, a annoncé un accord pour « intégrer » au sein de l’Etat toutes les institutions civiles et militaires relevant de l’administration autonome kurde, située dans le nord-est de la Syrie.
Signé par le président par intérim, Ahmed Al-Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, cet accord intervient alors que la Syrie a connu ces derniers jours ses pires violences depuis la chute de l’ancien président, en décembre.
Que contient cet accord historique ? Quel avenir Ahmed Al-Chaara réserve-t-il aux Kurdes installés dans le nord-est de la Syrie ? Et comment la minorité kurde avait-elle réussi à obtenir son autonomie dans ce territoire ? Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », Ghazal Golshiri, journaliste au service International du Monde et envoyée spéciale dans le Rojava, répond à toutes ces questions.
Un épisode de Garance Muñoz. Réalisation : Quentin Tenaud. Présentation et rédaction en chef : Claire Leys. Dans cet épisode : extraits de discours d’Ahmed Al-Charaa, le 25 février 2025 ; d’une archive INA du 14 avril 1991 ; d’une archive de France 3 du 22 janvier 2015.
Cet épisode a été publié le 12 mars 2025.
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