Climat : pourquoi nos comportements ne changent pas assez vite
Nov 12, 2024
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Mélusine Boon Falleur, chercheuse en sciences cognitives à Sciences Po Paris, déchiffre les blocages psychologiques entravant l'engagement climatique. Malgré une prise de conscience générale, elle souligne que l'individu lutte contre des freins profonds dans ses comportements. Elle propose que des efforts collectifs et une communication adaptée peuvent renforcer la motivation à agir. Enfin, elle évoque la nécessité d'un équilibre entre messages d'alarme et solutions à adopter pour induire une dynamique positive.
Bien que le public soit conscient de la crise climatique, des freins psychologiques et structurels les empêchent d'agir concrètement.
Les normes sociales influencent notre comportement, rendant les actions individuelles obscures si elles ne sont pas valorisées par la communauté.
Pour mobiliser l'action, il est crucial de fournir des informations claires sur les dangers climatiques tout en offrant des solutions pratiques.
Deep dives
La prise de conscience et l'inaction face à la crise climatique
La majorité des gens reconnaissent la gravité du changement climatique et sont prêts à agir, mais cela ne se traduit pas forcément par des actions concrètes. Bien que nous disposions des connaissances et des ressources nécessaires pour répondre aux défis environnementaux, le passage à l'action est freiné par un manque de volonté politique et des barrières structurelles. Des barrières telles que l'accès limité à des alternatives écologiques et la difficulté de changer de mode de vie empêchent les individus d'agir, même s'ils le souhaitent. Ainsi, il est essentiel d'explorer pourquoi les personnes averties sur l'urgence climatique ne modifient pas leur comportement quotidien en conséquence.
Les freins psychologiques à l'action individuelle
Divers freins psychologiques influencent notre capacité à agir pour le climat, notamment des biais cognitifs qui nous rendent moins attentifs aux changements progressifs et graduels de l'environnement. Par exemple, des études montrent que les gens réagissent davantage à des événements extrêmes qu'à des changements subtils, ce qui complique la prise de conscience de la crise climatique. De plus, les individus peuvent mal évaluer l'impact de leurs actions et préférer des récompenses immédiates à des bénéfices futurs, rendant difficile l'engagement dans des comportements écologiques durables. Cela illustre la nécessité de mieux informer sur les conséquences à long terme de nos choix quotidiens et d'encourager des comportements plus responsables.
L'importance des normes sociales
Les normes sociales jouent un rôle crucial dans la motivation des individus à agir pour le climat, car nous avons tendance à adopter les comportements observés autour de nous. Lorsque la pollution est la norme, beaucoup sont moins enclins à adopter des comportements écologiques, même s'ils sont conscients de leur impact. Rendre visibles les actions positives des autres peut renforcer ces normes, incitant ainsi davantage de personnes à agir pour l'environnement. Des initiatives, comme l'octroi de labels écologiques, peuvent également valoriser les efforts individuels, ce qui encourage la prise d'initiatives collectives.
Développer un changement collectif
Il est essentiel de se concentrer non seulement sur les actions individuelles mais aussi sur celles qui créent des changements systémiques au sein des institutions et des entreprises. Les individus peuvent être démoralisés par la perception que leurs efforts individuels n'ont que peu d'impact sur le problème climatique. Ainsi, agir collectivement en mobilisant les communautés et en influençant les politiques au niveau institutionnel est crucial pour créer un changement de structure. En plus, en montrant l'impact positif des actions collectives, il sera plus facile de convaincre d'autres personnes d'agir.
Allier information et motivation à l'action
Pour inciter à l'action, il est crucial de transmettre des informations claires sur les dangers du changement climatique tout en présentant des solutions concrètes. L'usage de stratégies qui montrent aux individus que leurs actions comptent peut aider à éviter un sentiment d'impuissance. En instaurant des options par défaut favorables, comme la consommation d'énergie renouvelable, il est possible de simplifier les choix écologiques. De plus, renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté engagée peut encourager les actions individuelles, car il a été prouvé que la dynamique de groupe renforce les comportements pro-écologiques.
En France, presque tout le monde se dit prêt à agir pour le climat. Mais alors, pourquoi on ne le fait pas ? Si la crise climatique est aussi existentielle que le disent les scientifiques du Giec, pourquoi est-ce qu’on ne se met pas tous à agir ? Faut-il faire peur, faire pleurer, informer ou donner envie ?
Mélusine Boon Falleur est chercheuse en sciences cognitives et enseigne à Sciences Po Paris. Elle travaille en particulier sur les freins psychologiques, individuels et collectifs, à la transition écologique.
Le premier Festival des idées Chaleur humaine a lieu le samedi 14 décembre de 14 heures à 17 heures. Il y aura sur scène dix invités du podcast Chaleur humaine qui reviendront pour défendre une idée pour faire avancer la transition climatique. Mais aussi du théâtre, de la musique et du dessin. Vous pouvez vous inscrire ici sur le site du Monde Ateliers.
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Cet épisode a été produit par Cécile Cazenave et réalisé par Solène Moulin. Musique originale : Amandine Robillard.
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