Succession : les mystérieux propriétaires de Chanel (1/2)
Oct 21, 2024
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Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, grandes journalistes au Monde, explorent l'histoire intrigante de la famille Wertheimer, propriétaires discrets de Chanel. Elles révèlent comment une alliance stratégique avec Gabrielle Chanel a façonné l'empire du luxe. Les chiffres sont époustouflants : malgré un conflit durant la Seconde Guerre mondiale, les Wertheimer ont su préserver l'héritage de la maison. Leurs manigances cachées et leur influence significative dans l'ombre sont des facettes fascinantes d'une saga impressionnante.
La discrétion des Wertheimer, propriétaires de Chanel, contraste fortement avec d'autres familles riches du secteur du luxe qui recherchent la notoriété.
La relation complexe entre les Wertheimer et Gabrielle Chanel illustre les tensions issues de la Seconde Guerre mondiale et des intérêts commerciaux contrariés.
Deep dives
La discrétion des Vertémeur
La famille Vertémeur, propriétaire de Chanel depuis un siècle, reste exceptionnellement discrète malgré leur statut de grandes fortunes. Contrairement à d'autres propriétaires de marques de luxe, qui se mettent en avant, les Vertémeur évitent les projecteurs et se fondent dans l'anonymat. Par exemple, lors d'un défilé à Central Park, Alain Wertheimer, l'un des héritiers, ne pouvait même pas entrer en raison de son manque d'invitation, illustrant ainsi leur volonté d'éviter la reconnaissance publique. Leur discrétion s'étend également à leur collection d'art, qu'ils prêtent de façon anonyme aux musées, renforçant leur image de retrait vis-à-vis de la célébrité et des médias.
Les origines de Chanel
Les Vertémeur ont acquis Chanel en 1924 grâce à un partenariat avec Gabrielle Chanel, qui avait besoin de gestionnaires pour développer sa marque en pleine expansion. Pierre et Paul Vertémeur, deux commerçants alsaciens, ont connu Gabrielle grâce à Théophile Bader des Galeries Lafayette, menant à un accord où ils finançaient sa vie tout en laissant à Chanel la direction créative. Cette collaboration a permis de créer une silhouette moderne qui a marqué un tournant dans la mode féminine et a attiré une clientèle bourgeoise en quête de liberté. La répartition des bénéfices était de 10% pour Chanel et 70% pour les frères, tout en ayant aussi d'autres investisseurs, ce qui illustre autant la réussite que la complexité de cette alliance.
Le conflit pendant la guerre
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Vertémeur, étant juifs, ont dû fuir aux États-Unis pour protéger leur entreprise face à l'aryanisation qui menaçait leur marque. Gabrielle Chanel, quant à elle, a profité de leur absence pour tenter de récupérer le contrôle de la marque en exploitant les lois anti-juives, allant jusqu'à dénoncer les Vertémeur aux autorités nazies. Ce contexte a créé une tension entre les deux parties, mais après la guerre, les Vertémeur ont choisi de mettre de côté ce conflit pour préserver la réputation de Chanel, scellant un accord où Gabrielle recevrait 2% des ventes de parfums, tout en continuant à vivre luxueusement. Cet épisode troublant a été rapidement enfoui pour protéger l'image de la marque, et ce n'est que des décennies plus tard que le passé a refait surface.
Dans « Succession », Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider racontent les histoires de succession des grandes familles du capitalisme français. Dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », les deux grandes reporters nous racontent l’histoire de la famille très discrète à la tête de l’empire du luxe français, Chanel.
Car les Wertheimer sont particulièrement discrets et ne se montrent guère. En 1924, leurs ancêtres se sont alliés avec la couturière Gabrielle Chanel dite « Coco », qui a pris la lumière, tandis qu’eux géraient l’entreprise.
Malgré un conflit autour de la propriété de la marque, qui a vu Coco dénoncer les Wertheimer, juifs, aux Allemands, cette alliance a subsisté pour donner le joyau du luxe que l’on connaît aujourd’hui.
De 1924 à 2024, Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, grandes reporters au Monde, reviennent sur un siècle de péripéties derrière la marque au célèbre « numéro 5 ».
Un épisode de Cyrielle Bedu. Réalisation : Florentin Baume. Présentation et suivi éditorial : Jean-Guillaume Santi.
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