Comprendre les racines du conflit en République démocratique du Congo [REDIFF]
Jan 30, 2025
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Christophe Châtelot, journaliste au Monde Afrique et expert en conflits congolais, analyse les racines du chaos en République démocratique du Congo. Il évoque la résurgence du M23 et ses conséquences sur la population de Goma, notamment le déplacement massif de près d'un million et demi de personnes. Châtelot aborde aussi l'héritage du génocide rwandais et l'exploitation des ressources, révélant la contradiction entre la richesse minière du pays et la pauvreté de sa population.
La prise rapide de Goma par le M23 a aggravé une crise humanitaire déjà sévère, laissant plus d'un million de déplacés en détresse.
Les racines du conflit en RDC remontent au génocide rwandais de 1994, entraînant une exploitation violente des ressources minérales par divers groupes armés.
Deep dives
La montée du M23 et ses conséquences humanitaires
La rébellion du M23 a récemment pris Goma, une grande ville du Nord Kivu en République Démocratique du Congo, en moins d'une semaine. Cette situation a entraîné la fuite de plus d'un million de personnes qui se retrouvent dans des camps de fortune, souvent sans accès adéquat à la nourriture ou à l'eau. Les combats entre le M23, d'autres groupes armés et les forces d'autodéfense exacerbent la crise humanitaire déjà sévère. La population civile est en première ligne et subit les conséquences tragiques de ce conflit prolongé, avec près de 3 millions de déplacés depuis deux ans.
Les racines historiques du conflit
Le conflit actuel en RDC trouve ses origines dans le génocide rwandais de 1994, qui a poussé de nombreux Hutus à fuir vers la RDC, créant un vide sécuritaire. À cette époque, dans un climat de violence, des groupes armés se sont formés, entraînant une instabilité chronique dans la région. L'absence d'une armée nationale forte a permis à ces groupes d'intervenir en tant que forces de sécurité, souvent en échange de droits d'exploitation sur les ressources. Ce cycle de violence a perduré, laissant place à de nombreux groupes armés qui continuent de s'enrichir grâce à l'exploitation illégale des ressources minérales.
L'exploitation des ressources naturelles et ses conséquences
La région du Nord Kivu est riche en minerais, notamment le coltan, essentiel pour la fabrication de technologies modernes, mais cette richesse ne bénéficie pas à la population locale. Les groupes armés exploitent ces ressources, souvent en utilisant des adultes et des enfants travaillant dans des conditions dangereuses et précaires. Le pillage des richesses par des multinationales, notamment chinoises, ainsi que la corruption généralisée, absorbent la valeur générée par ces matériaux. Cette exploitation institutionnalisée maintient la population dans la pauvreté, dépouillant les Congolais de leur potentiel économique tout en alimentant le conflit.
L'Est de la République démocratique du Congo est plongée dans le chaos. Lundi 27 janvier, la rébellion du M23, appuyée par plusieurs milliers de militaires rwandais, est entrée dans Goma. Il n’a même pas fallu une semaine pour que le groupe armé s’empare de cette grande ville, qui est aussi la capitale de la province du Nord-Kivu.
Depuis, dans la capitale, Kinshasa, située à l'autre bout de cet immense pays, des manifestants ont attaqué des ambassades, dont celle du Rwanda, de la France et des États Unis, qu’ils considèrent comme complices de la chute de Goma.
La « conquête » de certaines parties du Nord-Kivu par le M23 ne date pas d’hier. Elle a commencé en novembre 2021 et la population civile en paye le prix fort. Rien qu’aux abords de Goma, près d’un million et demi de déplacés survivent dans des camps de fortune.
Le M23 n’est pas le seul groupe armé à terroriser les civils de la région. Pour comprendre les origines de ce conflit, nous vous proposons aujourd’hui de réécouter cet épisode, enregistré avec notre collègue Christophe Châtelot et diffusé pour la première fois le 5 avril 2024.
Un épisode de Cyrielle Bedu. Réalisation et musiques originales : Amandine Robillard. Présentation et rédaction en chef : Jean-Guillaume Santi. --- Pour soutenir "L'Heure du Monde" et notre rédaction, abonnez-vous sur abopodcast.lemonde.fr