Sabrina Krief, vétérinaire et primatologue, et Tobias Deschner, biologiste des comportements, discutent de l'automédication chez les animaux. Ils révèlent comment les chimpanzés et les éléphants utilisent des plantes pour se soigner, et comment ces comportements pourraient influencer la médecine humaine. Les différences culturelles dans les soins entre espèces sont fascinantes, tout comme les capacités linguistiques des bonobos, qui semblent capable de combiner des gestes et vocalisations. Une exploration captivante du lien entre le règne animal et la santé.
L'automédication chez les animaux, y compris les chimpanzés, remet en question les frontières entre l'animalité et l'humanité.
La zoopharmacognosie émerge comme une discipline prometteuse grâce aux études de Michael Huffman sur les médecines animales.
Les comportements diversifiés d'automédication soulignent le potentiel de nouvelles ressources phytothérapeutiques pour la recherche en pharmacologie humaine.
Deep dives
Les capacités d'automédication des animaux
Depuis trois décennies, il est établi que divers animaux pratiquent l'automédication, un comportement observé chez 71 espèces, y compris 46 primates. Les chimpanzés, par exemple, utilisent des plantes non seulement pour leur alimentation, mais aussi pour le traitement de maladies. Dans des cas rares, ils appliquent de la matière comme des mouches écrasées sur leurs blessures, imitant ainsi des actions médicales humaines. Cela remet en question les frontières traditionnelles entre l'animalité et l'humanité, suggérant que les animaux peuvent avoir une compréhension innée de ce qui les aide à guérir.
Des études pionnières sur les chimpanzés
Les recherches sur les chimpanzés, notamment celles de Michael Huffman, ont été fondamentales pour développer le champ de la zoopharmacognosie, l'étude des médecines animales. Huffman a été le premier à démontrer scientifiquement qu'un chimpanzé pouvait se rétablir après avoir utilisé une plante, illustrant une action médicale avérée sur la consommation de substances naturelles. Cette discipline émergeante contraste avec le scepticisme initial qu'elle a rencontré, en mettant en lumière la complexité de ces comportements et leur potentiel pour la recherche humaine en pharmacologie. Les études sur ces comportements nécessitent des analyses longues et précises, souvenant aux chercheurs de la complexité des interactions entre comportement animal et santé.
Variété des pratiques d'automédication
Les diverses méthodes d'automédication chez les animaux mettent en évidence une gamme de comportements intéressants au sein du règne animal. Par exemple, des insectes comme les fourmis se livrent à des amputations pour soigner les blessures de leurs congénères, tandis que d'autres espèces, comme les chimpanzés, utilisent des plantes spécifiques pour traiter des symptômes variés. Ces comportements montrent que l'automédication n'est pas réservée aux animaux dotés de grandes capacités cognitives, mais est un phénomène largement répandu dans la nature. La découverte que des animaux choisissent des substances pour leurs propriétés médicinales ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur les traitements, y compris ceux qui pourraient bénéficier à l'humanité.
Défis des études de primatologie
Étudier l'automédication chez les chimpanzés présente de nombreux défis logistiques et éthiques liés à leur sensibilité aux maladies humaines. Les chercheurs doivent observer les chimpanzés à distance, recueillant des informations à partir de prélèvements non-invasifs tels que les excréments et les urines pour évaluer leur état de santé. Chaque observation doit être accompagnée d'une connaissance approfondie des régimes alimentaires et des comportements des chimpanzés afin d'identifier si une plante observée est utilisée à des fins médicales ou simplement comme aliment. Les variabilités comportementales et environnementales entre différentes populations de chimpanzés rendent ces études encore plus complexes, nécessitant patience et persévérance.
L’avenir de la pharmacopée humaine
L'interaction entre les pratiques médicinales animales et humaines soulève la question de leur potentiel en pharmacologie moderne. Les recherches montrent que les chimpanzés consomment des plantes qui contiennent des molécules actives connues pour leurs propriétés médicinales, offrant la possibilité d'identifier de nouvelles ressources phytothérapeutiques. Cette combinaison de savoirs ancestraux et de recherche scientifique pourrait nous mener à découvrir des traitements innovants, particulièrement à une époque où la résistance aux antibiotiques devient critique. En observant comment des espèces comme les chimpanzés utilisent leur environnement pour leur santé, nous pourrions développer de nouvelles perspectives sur la médecine et la conservation des espèces.
durée : 00:58:29 - La Science, CQFD - par : Natacha Triou, Antoine Beauchamp - Les éléphants ingèrent du charbon, certains oiseaux collectent des mégots. Quant aux chimpanzés, ils écrasent de petites mouches sur leurs plaies. Ces pratiques d’automédication animale interrogent... La médecine animale est-elle le futur de la médecine humaine ? - réalisation : Olivier Bétard - invités : Sabrina Krief Vétérinaire et primatologue, professeure au MNHN, spécialiste d'écologie comportementale et de zoopharmacognosie
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