

PATRIMOINE - Gibrat, un maître de la lumière
Le 12 juin 2021, au sortir du déconfinement, la maison Daniel Maghen Enchères et Expertises met en vente publique 17 œuvres majeures de Jean-Pierre Gibrat, 67 ans aux premières jonquilles, dont la couverture du Sursis T.1 et la dernière planche du même album, de même que quelques très beaux portraits d’Amélie de la série Mattéo. Cela a été pour nous l’occasion de rencontrer ce grand narrateur, auteurs d’œuvres importantes chez Dupuis puis chez Futuropolis. Il nous explique sa relation à ses originaux, mais aussi quelques-uns de ses secrets de fabrication les plus intimes.
Pourquoi vend-il, et ses plus belles œuvres encore bien, celles qu’il n’avait pas envie de vendre ? Parce que, suppose-t-on, son galeriste Daniel Maghen a une force de persuasion hors du commun. Parce qu’il a un subit besoin d’argent. Parce qu’elles prenaient la poussière dans son atelier et parce que quelques collectionneurs sont assez fous de payer des sommes extravagantes et qu’il aurait tort de ne pas en profiter.
Rien de tout cela. Quand on connaît Jean-Pierre Gibrat, sa franchise et son intégrité, on sait que rien de tout cela n’est vrai. Un Maghen persuasif ? C’est possible, mais Gibrat n’est pas le genre de type à qui on fait du boniment. Le galeriste, il le fréquente depuis des décennies maintenant. Il l’a éprouvé et la confiance s’est installée. Non, c’est par respect pour les collectionneurs qu’il vend ses plus belles pièces, parce qu’il n’y a pas de raison de mettre en vente les œuvres secondaires pour se garder égoïstement les masterpieces. « Cela dévaloriserait mon travail, commente Gibrat. Les gens ne seraient pas confrontés au meilleur de ce que je peux faire ? La valeur n’est pas dans le prix, elle est dans la magie de l’œuvre. »