Michel Lussault, géographe et directeur de l’Ecole urbaine de Lyon, et Pierre Souq, enseignant en EPS et philosophie, discutent de l'art de l'orientation. Ils explorent comment l'orientation physique et émotionnelle façonne notre relation à l'espace. Avec des anecdotes humoristiques, ils interrogent l'impact des technologies modernes sur nos repères. En s'inspirant de penseurs comme Kant et Georges Pérec, ils questionnent la subjectivité de l'expérience humaine face à la désorientation et la quête de sens dans un monde complexe.
L'orientation humaine est souvent moins développée que celle des animaux, ce qui souligne notre dépendance aux outils et technologies.
La lecture des cartes nécessite une appropriation et une compréhension qui peuvent dépasser les capacités des personnes sans formation adéquate.
La désorientation engendre une angoisse existentielle chez l'humain, révélant notre vulnérabilité face à notre environnement naturel.
Deep dives
La capacité humaine d'orientation
La capacité d'orientation des humains est considérée comme inférieure à celle de nombreux animaux, qui se spécialisent dans cette compétence. Les humains dépendent de divers outils et techniques pour s'orienter, tels que les cartes et les GPS, mais la plupart des individus restent souvent désorientés sans repères clairs. Cette situation souligne l'importance de l'apprentissage et de l'instruction pour développer des compétences d'orientation. L'histoire humaine est également marquée par l'invention d'artefacts pour aider à mieux naviguer dans les espaces complexes.
L'importance des cartes et leur lecture
Les cartes sont des outils essentiels pour l'exploration et les déplacements, mais leur utilisation correcte nécessite une certaine compréhension et expérience. La complexité de lecture d'une carte géographique classique est souvent insurmontable pour des personnes sans formation adéquate, car cela demande une appropriation qui n'est pas intrinsèquement évidente. Les commentaires suggèrent que cette incapacité réelle à utiliser les cartes représente une distorsion entre l'expérience corporelle de l'espace et les abstractions qu'elles offrent. Cette différence peut empuissanter les gens, les rendant plus vulnérables à la désorientation.
La comparaison avec les capacités des oiseaux
Les oiseaux possèdent des compétences d’orientation considérablement plus développées que celles des humains, en raison de leurs sens affinés et de leur mémoire exceptionnelle. Ces capacités leur permettent de naviguer avec précision, même la nuit, en utilisant des repères naturels comme les étoiles et le champ magnétique terrestre. En revanche, les humains doivent souvent faire appel à des outils externes, ce qui soulève des questions sur notre dépendance à la technologie pour gérer des situations qui relèvent de l'instinct chez d'autres espèces. Cela met également en lumière les limites de notre cognition face à notre environnement.
L'angoisse de la désorientation
La désorientation suscite une angoisse innée chez l'être humain, car elle rappelle notre vulnérabilité face à la nature et au monde qui nous entoure. Cette peur de se perdre rejoint des enjeux existentiels, où la connaissance de notre place dans l'espace devient essentielle pour notre survie. En se perdant, on est confronté à des situations qui peuvent rapidement devenir dangereuses, illustrant ainsi l'importance de la cartographie mentale et des repères contextuels dans nos vies quotidiennes. Ce phénomène est souvent exacerbé par notre incapacité à créer un sens durable de notre environnement sans recours à des artefacts ou technologies.
L'impact des technologies modernes sur l'orientation
Les technologies modernes, comme les GPS, offrent d'importants avantages en matière de navigation, mais elles renforcent aussi notre dépendance à des systèmes qui arrivent souvent à obscurcir notre sens de l'espace. La facilité d'accès à ces outils peut entraîner une détérioration de nos capacités d’orientation naturelle et de notre mémoire spatiale. Cette tendance soulève des préoccupations sur la manière dont les générations futures appréhenderont leur environnement sans ces outils numériques. Ainsi, un appel est lancé pour susciter une prise de conscience permettant aux individus de reconnecter avec leurs instincts d'orientation innés et d'améliorer leur compétence à naviguer sans aide technologique.
durée : 00:58:34 - Avec philosophie - par : Géraldine Muhlmann, Nassim El Kabli - S'orienter, c'est d'abord une question pour le désorienté : il faut des repères, trouver des outils, sans lesquels on ne peut se déplacer. Qu'est-ce que s'orienter pour l'humain et l'animal ? Savons-nous toujours nous perdre ?
- réalisation : Nicolas Berger - invités : Michel Lussault Professeur à l’ENS de Lyon, géographe, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon.; Pierre Souq agrégé d'EPS et de philosophie, enseignant dans le secondaire et à l'Université Clermont Auvergne (UCA)
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