Audrey Garric, journaliste spécialisée dans les questions climatiques au service Planète du Monde, évoque la COP29 à Bakou et ses critiques. Elle met en lumière l'inefficacité des COP face à l'urgence climatique, le désaccord financier entre pays développés et en développement, et le besoin de réformes pour renforcer la transparence. Les lobbies d'énergie fossile ont également un impact néfaste sur les négociations, tandis qu'Adélaïde Tenaglia insinue la nécessité d'intégrer des acteurs non étatiques pour réinventer les discussions climatiques.
Les COP suscitent des critiques croissantes sur leur efficacité, surtout après l'accord décevant de la COP29 et le mécontentement des pays en développement.
Malgré leurs lenteurs, les COP ont apporté des avancées notables dans la lutte contre le changement climatique, notamment grâce à des innovations en énergies renouvelables.
Deep dives
Efficacité des COP face à l'urgence climatique
Les conférences des Parties (COP) sont critiquées quant à leur efficacité pour lutter contre le changement climatique, notamment après l'accord décevant conclu à la COP29. Cet accord a reçu des réactions mitigées, en particulier de la part de l'Inde, qui a exprimé son mécontentement face à l'inaction des pays développés envers les besoins des pays en développement. Les discussions autour du consensus nécessaire à ces accords soulèvent des doutes quant à leur véritable acceptation par tous les membres, signalant un climat de tension et de désaccord. Malgré ces critiques, des opinions soutiennent que les COP permettent une mise à l'agenda politique régulière des enjeux climatiques, et elles offrent une plateforme où tous les pays peuvent s'exprimer, y compris ceux les plus vulnérables.
Succès historiques des COP
Bien que les COP soient souvent critiquées pour leur lenteur, elles ont eu des succès notables dans l'histoire de la lutte contre le réchauffement climatique. Par exemple, la COP de Paris en 2015 a été un tournant avec l'adoption d'un accord international ambitieux visant à limiter le réchauffement à moins de 2 degrés Celsius. De plus, des avancées technologiques, notamment dans le domaine des énergies renouvelables comme l'éolien et le solaire, témoignent des effets positifs des discussions menées lors des COP. Cependant, malgré ces réalisations, les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, même si leur rythme de croissance semble diminuer.
Critiques et réformes nécessaires
De nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer la lenteur et l'inefficacité croissante des COP, avec des appels à des réformes profondes dans leur organisation. Les critiques portent également sur la présence de lobbys des énergies fossiles qui, avec un nombre croissant de participants, influencent les négociations au détriment d'un avancement climatique significatif. Les désaccords sur les financements entre pays développés et pays en développement aggravent la situation, illustrant une fracture persistante au sein des discussions. Les propositions de réforme incluent des critères d'éligibilité pour la présidence des COP, afin d'éviter que des pays producteurs de pétrole ne dirigent des négociations climatiques, mais la mise en œuvre de telles réformes demeure complexe.
A la fin de 2015, Paris accueillait la COP21, à l’issue de laquelle était signé un accord historique et ambitieux : l’ensemble des pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques s’engageaient à maintenir le réchauffement au-dessous de 2 °C.
Près de dix ans plus tard, les résultats ne sont pas au rendez-vous : l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée et les trajectoires climatiques prévoient un réchauffement autour de 3 °C, bien loin de l’objectif de 1,5 °C. En outre, la COP29, qui s’est tenue en novembre à Bakou, n’a pas rassuré quant à la capacité des différentes parties à s’entendre pour l’atteindre.
Autre point qui soulève des critiques : l’accord qui a été conclu en Azerbaïdjan engage les pays développés à verser 300 milliards de dollars (293 milliards d’euros) par an aux pays en développement, pour les aider à s’adapter et à lutter contre le changement climatique. Un montant jugé largement insuffisant par les pays les plus vulnérables, qui ne se sont pas sentis écoutés au cours des négociations.
Depuis plusieurs années, les critiques visant les COP climat se multiplient. Alors, à quoi servent-elles encore ? Faut-il les boycotter ou, au contraire, les réformer pour les rendre plus efficaces et, si oui, comment ? Réponses dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde », avec Audrey Garric et Matthieu Goar, journalistes au service Planète du Monde, chargés des questions climatiques.
Un épisode d’Adélaïde Tenaglia. Réalisation : Thomas Zeng et Quentin Bresson. Présentation et suivi éditorial : Adèle Ponticelli. Musiques : Amandine Robillard et Epidemic Sound. Dans cet épisode : extraits de la séance de clôture de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le 24 novembre 2024.