Faut-il apprendre à bricoler pour sauver le climat ?
Dec 24, 2024
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Julie Madon, sociologue et consultante, parle de la surconsommation et de son impact environnemental. Elle évoque la nécessité d'apprendre à réparer nos objets pour contrer l'obsolescence programmée. Les initiatives de réparation et de réutilisation sont mises en avant, ainsi que l'importance d'une culture durable. Madon souligne le rôle des industries sur la réparabilité des produits et les défis économiques du secteur. Enfin, elle aborde la coopération comme clé pour une durabilité collective.
L'accumulation des objets dans nos foyers contribue largement aux émissions de gaz à effet de serre, nécessitant un changement de comportement vers la réparation.
La majorité des Français reconnaissent l'importance de la réparation, mais peu agissent en raison de normes sociales et perçues autour de cette pratique.
Des initiatives communautaires comme les Repair Cafés favorisent l'apprentissage des compétences de réparation, renforçant ainsi la culture de la durabilité.
Deep dives
L'impact environnemental des objets
L'accumulation d'objets dans nos foyers a un impact écologique significatif, bien plus lourd qu'on ne le pense. En moyenne, un ménage possède environ 2,5 tonnes d'équipements, mais la fabrication de ces objets nécessite jusqu'à 45 tonnes de matières premières. La phase d'extraction et de fabrication est responsable de la majorité des émissions de gaz à effet de serre, et il est crucial de prolonger la durée de vie de ces objets à travers l'entretien et la réparation pour minimiser notre empreinte. La réduire notre consommation de nouveaux produits est une étape nécessaire pour atténuer la crise écologique actuelle et mieux gérer notre empreinte matérielle.
Les raisons derrière la réparation
Réparer des objets s'apparente souvent à une décision économique et éthique, mais les motivations varient d'une personne à l'autre. Beaucoup de gens voient la réparation comme un moyen d'économiser de l'argent, tandis que d'autres le font par conviction pour l'environnement. Cependant, bien qu'un grand nombre de Français considèrent la réparation, peu d'entre eux agissent réellement, avec seulement 36% effectuant les réparations au lieu de remplacer les objets. Cela pose la question des normes sociales autour de la réparation, souvent perçue comme une activité de 'pauvres' ou 'de radins', dissuadant certaines personnes de s'engager dans la réparation de leurs objets.
Les obstacles à la réparation
De nombreux- facteurs freinent la réparation des objets, notamment un manque de temps, de compétences et de ressources. Les réparations nécessitent souvent des efforts considérables, et cela peut être décourageant pour beaucoup, surtout quand les services de réparation sont peu accessibles. De plus, les prix des réparations peuvent rivaliser avec ceux des objets neufs, poussant les consommateurs à opter pour l'achat plutôt que la réparation. Cette situation soulève la question de la valeur perçue des objets réparables par rapport à des objets bon marché, accentuant encore davantage le dilemme de réparer ou de remplacer.
Les initiatives pour promouvoir la réparation
Des initiatives émergent pour promouvoir la réparation et la consommation durable, notamment les Repair Cafés et les ressourceries. Ces espaces permettent aux gens de se former aux techniques de réparation et d'adopter des pratiques de réutilisation de manière communautaire. La croissance de ces initiatives témoigne d'un véritable intérêt pour la réparation et l'allongement de la durée de vie des objets à travers des interactions sociales enrichissantes. En s'investissant dans ces lieux, les individus développent non seulement leurs compétences, mais établissent également des liens avec d'autres personnes, renforçant ainsi la culture de la durabilité.
L'avenir de la culture de la réparation
L'avenir de la culture de la réparation dépend de changements structurels dans notre économie et nos comportements en matière de consommation. Il est impératif que les gouvernements et les entreprises mettent en place des réglementations pour encourager la réparabilité des objets, comme l'indice de réparabilité et des incitations financières. Cela pourrait également nécessiter un shift dans les mentalités, où la valeur des objets réparables est reconnue et célébrée. Au final, promouvoir une prise de conscience collective sur la durabilité et l'économie circulaire pourrait transformer nos habitudes de consommation pour favoriser un avenir plus respectueux de l'environnement.
Que va-t-on faire de tous les objets neufs que nous recevons à Noël ? En moyenne on possède en France une centaine d’équipements électriques et électroniques par foyer, du four au téléphone en passant par l’imprimante.
Comment cette abondance d’objets participe à la crise écologique ? Comment faire durer les objets dans un monde qui encourage plutôt à jeter et à acheter neuf ? Quelles sont les initiatives qui marchent pour encourager la réparation et la réutilisation ?
Julie Madon est sociologue et consultante, et a publié en 2024 "Faire durer les objets" (Presses de Sciences Po), un livre dans lequel elle interroge des personnes qui réparent leurs objets, pour leur donner une vie plus longue.
« Chaleur humaine » est un podcast hebdomadaire de réflexion et de débat sur les manières de faire face au défi climatique. Ecoutez gratuitement chaque mardi un nouvel épisode, sur Lemonde.fr, Apple Podcast ou Spotify. Retrouvez ici tous les épisodes.
Cet épisode a été produit par Cécile Cazenave et réalisé par Florentin Baume. Musique originale : Amandine Robillard.
Chaleur humaine c'est aussi un livre qui reprend 18 épisodes du podcast en version texte, que vous pouvez retrouver dans votre librairie favorite.