C dans l’air du 10 novembre 2025
« Secret ». La mention est tamponnée en haut à gauche de la missive, datée du 6 avril 2024. Sur France 5, hier soir, #Cdanslair a dévoilé en exclusivité, dans le cadre du documentaire intitulé Dette, un scandale français ?, la lettre d’alerte sur la dérive des comptes publics envoyée par Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie et des Finances, au président de la République, Emmanuel Macron. Et son contenu est explosif.
Pointant une chute des recettes fiscales, le patron de Bercy y demandait des mesures d’économies pour limiter le déficit à 4,9 % en 2024. Ses recommandations n’avaient pas été suivies par le chef de l’État à l’époque. Le déficit public avait atteint 5,8 % du PIB cette année-là. Adressée deux mois avant les élections européennes, qui ont été suivies de la dissolution, Bruno Le Maire affirmait que, sans loi de finances rectificative, le gouvernement pourrait être accusé d’« insincérité ».
« Nous risquons de nous faire accuser de cacher notre copie et des économies douloureuses pour le lendemain des élections européennes. »
« Nous ouvrirons immédiatement un contentieux avec toutes les oppositions », avait-il écrit, prévenant Emmanuel Macron que « toute stratégie d’évitement est vouée à l’échec ».
Questionné ce lundi sur franceinfo, l’actuel ministre de l’Économie, Roland Lescure, a déclaré qu’il n’avait jusque-là pas connaissance de cette lettre d’alerte de son prédécesseur.
« Je me sens aussi responsable que lui et que tous les autres de la situation dans laquelle on est », a-t-il dit.
« Il y a une omission d’État », a fustigé, le même jour, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, interrogé sur BFMTV.
« Rétrospectivement, ça veut dire que le budget qui était présenté était insincère », a-t-il ajouté.
De son côté, le Rassemblement national dénonce « un scandale d’État ».
Ces révélations interviennent alors que le marathon budgétaire se poursuit à l’Assemblée nationale. Les députés examinent le projet de loi de financement de la Sécurité sociale : après avoir adopté samedi la partie recettes à une courte majorité, ils débattent désormais du volet dépenses, qui comprend l’article suspendant la réforme des retraites.
Sur le terrain, la grogne monte. Après les manifestations de la semaine dernière pour défendre le pouvoir d’achat des retraités, la Fédération nationale des médecins radiologues estime qu’environ 70 à 80 % de la profession est en grève ce lundi, pour protester contre les baisses tarifaires imposées par la CPAM.
Le secteur associatif tire lui aussi la sonnette d’alarme. Invité récemment de #Cdanslair, Benoît Hamon a alerté sur les coupes budgétaires massives que pourrait subir le monde associatif dans le projet de budget 2026.
Nos experts :
- Bruno JEUDY - Directeur délégué et éditorialiste La Tribune Dimanche
- Fanny GUINOCHET - Éditorialiste économique - France Info
- Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE - Éditorialiste politique - Le Point
- Jérôme FOURQUET - Directeur du département Opinion - Institut de sondages IFOP, auteur de "Métamorphoses françaises"
- Thierry BRETON - Ancien ministre des Finances et ancien commissaire européen
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