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aussi qu'il fallait quand même bien maîtriser la forme on en reparlera derrière avant de pouvoir produire quelque chose d'artistique parce que j'écrivais des phrases qui n'étaient pas très belles, j'avais du mal à en déduire un script et j'étais pris par toute une énergie que je ne savais pas comment traduire. En fait la première étape, et c'est pour ça que la solitude c'est si stylé, c'est parce que ça te permet d'être face à toi-même et donc de regarder un peu où sont tes merdes, aussi inconfortable que ça soit. Parce que quand tu es seul, il n'y a pas le jugement extérieur, il n'y a pas la morale, il n'y a pas les codes sociaux, et il se passe des trucs qui ne pourraient jamais se passer quand tu es entouré de personnes. Parce que tu te brides. Et alors, ça y a des trucs beaux, c'est des trucs aussi crado. Et il suffit de voir les rêves dans lesquels vous êtes le plus parti en couille, qu'est qui se passait ? Ça, c'est un exemple clairement du Dionysiaque, qui est certainement un très bon fioul pour de l'expression artistique. Mais par pitié, ne la ramenez pas dans la vie réelle. Et en fait, la solitude, qu'est que ça fait ? Selon Nietzsche, ça libère de l'esprit de pesanteur. Je voulais vous trouver un petit extrait, je me suis noté, c'est page 232. Donc, de l'esprit de pesanteur. Voilà, 232 qui dit. Pour celui qui possède quelque chose en propre, cela est en effet bien caché. Et de tous les trésors cachés, c'est le trésor propre qui est déterré en dernier. C'est l'œuvre de l'esprit de pesanteur. Je trouve ça trop stylé. En fait, c'est là où se cache le Dionysiaque. Le Dionysiaque, il doit être fait non pas en construisant, mais en déconstruisant.ant et même si j'aime pas trop les connotations qui vous viennent certainement à l'esprit avec ce verbe ça vient de de, en fait justement avant de créer il faut juste retirer, tu te mets avec toi même et tu regardes, qu'est que je pense, qu'est que je fais quand j'aurais fait cette boîte si j'avais pas écouté cette vidéo de Yomi Denzel ou si j'avais pas écouté cette vidéo de Théolion, qu'est que j'aurais eu envie d'en faire ? Tu prends cette idée-là, tu la soumets, tu regardes, peut-être que Théo il a raison, peut-être que Théo il n'a pas raison, et une fois sur mille tu vas tomber sur un truc, oh putain en fait j'ai trouvé quelque chose, et ça, volonté de puissance, c'est très stylé. autre bouquin que j'ai découvert en faisant mes recherches pour cette vidéo, qui est Lettre à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, dans lequel il y a une très belle citation, qui est « Il n'y a qu'un seul chemin, rentrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire, examinez s'il déploie ses racines au plus profond de votre cœur. » Et en fait, déployer les racines, ça prend du temps. C'est quelque chose qui se fait dans la solitude et en fait il y a une figure qui est beaucoup utilisée, c'est pas dans ce bouquin je crois, c'est plutôt dans les sonnets à Orphée, où elle prend la figure artistique ultime, selon lui, c'est Orphée. Je sais pas si vous connaissez le mythe d'Orphée, je vais vous le raconter rapidement. Orphée c'est un musicien, en fait il a une lyre, c'est son instrument. Il est amoureux d'Eurydice. Eurydice, malheureusement, elle meurt. Elle mordue par un serpent. Il descend aux enfers pour la ramener. Il charme le cerber, je crois, avec sa lyre. Je ne connais plus exactement. Il y a peut y a certains détails qui ne sont pas... qui ne sont pas exacts. Donc sa musique, en fait, elle émeut Hadès, le dieu des enfers. Et il accepte, en fait, de le laisser descendre aux enfers à une seule condition, c'est qu'il ne doit pas se retourner avant de sortir. Et malheureusement, il est pris de doute. Et donc juste avant la fin, quand il a attrapé Eurydice, il se retourne, et en fait, il la perd à jamais. Donc, en fait, elle est vraiment morte. Et donc, Orphée, il est dévasté, et il passe sa vie à se consacrer à sa musique, et il produit des œuvres qui sont très belles, et je crois qu'il finit par se faire tuer par des ménades. Et en gros, son champ survit. C'est surtout ça qui est important. Et ce qui symbolise, en fait, l'immortalité de l'art, malgré l'échec à ramener Eurydice parmi les vivants. Et donc, en fait, pour Rilke, Orphée, ça incarne l'artiste idéal, parce qu'en fait, les enfers, c'est la métaphore de ce chaos du dionysiaque, de cette énergie profonde et un peu dégueulasse qui est au fond de toi, qu'il faut prendre et qu'il faut façonner, en fait, simplement. C'est symbolisé par les enfers. Et en fait, le but, c'est d'aller chercher des choses dans les enfers que tu vas pouvoir ramener derrière et qui en font en fait le champ de le champ d'Orphée qui est magnifique j'imagine et tout etc donc il décrit pas mal Orphée comme un genre de médiateur entre le monde dégueulasse des enfers et la réalité qui va va te révéler des vérités universelles via l'art. Et j'aime beaucoup, en fait, je trouvais ça très bullshit quand les gens parlaient des vérités qui sont révélées via l'art, mais en fait, il y a des... Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des... En fait, je sais pas si ça vous est déjà arrivé, en fait, on vous dit 100 fois quelque chose, on vous explique rationnellement pourquoi c'est bien, et en fait à un moment, il y a un film qui incarne parfaitement un exemple de cette idée-là qu'on t'a expliqué cent fois, et pas, cette fois-ci, tu la comprends. Pour moi c'est ça en fait l'art. L'art, c'est... ça te fait comprendre avec le cœur, disons, et pas avec la tête. Je suis pas exactement sûr que ce soit ça, ni même ce que je veux dire, mais en tout cas il y a des vérités, je trouve, qui sont profondément artistiques. En fait, c'est la solitude qui permet d'amener un truc unique. Donc ça, c'est la première étape. Je vous récapitule ce que je voulais vous raconter là-dedans. Pour moi, il y a trois étapes pour s'écouter soi-même. La première chose, c'est de changer son rapport aux autres créateurs, qu'il faut apprendre à ne pas regarder. Ensuite, c et facilité que dans un environnement de profonde solitude avant de soumettre son truc et je vous rappelle je vous ai fait une vidéo sur la différence entre la solitude et l'isolement c'est très important je parle ici de solitude et pas du tout d'isolement pourquoi est-ce que je vous parle de cette première étape en premier c'est parce que c'est celle qui me semble le plus rare, celle que j'ai eu beaucoup plus de mal à incarner. C'est celle de s'affranchir. Tu dois commencer par t'affranchir. Et ce que je constate très peu dans le monde des créateurs YouTube, dans les mecs qui montent des boîtes, j'en vois pas beaucoup qui ont eu cette démarche-là de création. Et ensuite, après, derrière, tu apprends à réintégrer l'audience. Et donc pour ça, je me suis rappelé d'un petit bouquin qui est très court, que j'avais lu en prépa, que je citais beaucoup, qui était le chef-d inconnu d'Honoride Balzac, et qui raconte une histoire qui est très cool, que je voulais vous raconter, et qui explique pourquoi ça ne suffit pas de s'écouter soi-même pour produire de l'art. C'est l'histoire de Freynofer, qui est un artiste renommé, et idée, c'est qu'il veut créer l'œuvre parfaite. Il veut transcender l'imitation de la réalité. Il veut capturer quelque chose qui est... C'est un peu des mots d'artiste, mais c'est l'essence même de la vie. Il veut faire une bête d'œuvre. Ça fait dix ans qu'il travaille sur un tableau qui est secret. Ça s'appelle, j'ai noté le nom, c'est La Belle Noiseuse, je ne me souviens plus. Portrait d'une femme. Il le considère comme un chef-d mais le truc, c'est qu'il ne l'a jamais montré à personne. Personne n'a jamais vu son truc. Il rencontre, après, dans tout l'objet du bouquin, c'est il rencontre Poussin, qui est un jeune peintre, et Portbus, donc c'est un autre artiste. En fait, c'est une discussion entre Frenhofer et les deux, sur leur conception de l'art. Frenhofer, sa conception de l'art, là ça doit pas juste reproduire, ça doit montrer des trucs que tu peux pas voir. Et en fait du coup Poussin il propose à Frenhofer de l'aider à terminer son tableau. Et en fait il lui fournit un modèle vivant pour l'aider à peindre cette femme, le modèle s'appelle Gillette d'ailleurs, je sais pas si c'est inspiré la marque que vous connaissez tous, c'est pour l'aider à finaliser son tableau. Donc Fresnofer ça marche, en fait Fresnofer accepte, et donc ça lui permet de terminer son tableau. Et donc là, le dénouement en fait c'est quoi de l'histoire ? C'est il montre son tableau, il invite Poussin et Porbus, pour découvrir son chef-d il montre, il leur montre son tableau, et en fait la toile c'est genre une masse informe dégueulasse de peinture de traits confus etc et tout ce que tu peux voir dans le tableau c'est un putain de pied, tu vois juste un pied et le truc est dégueulasse et en fait Frenhofer il était tellement aveuglé par sa quête qu'il a pas créé une femme, il a oublié en fait d'en faire un tableau de ce qu'il voulait représenter, il a créé un genre de chaos dégueulasse et donc en fait Fren réalise son échec face à la réaction des deux. Et c'est terrible, tu vois, il brûle son tableau et il finit par... il se bute, quoi. Donc, cette référence, je m'en servais beaucoup pour... en fait, pour moi, ça incarne une idée importante, c'est l'art naît dans la réaction chez l'audience, en fait. Fredhofer, c'est pas parce qu'il a travaillé dix ans sur son tableau, que son tableau est stylé. Et tu te perds sans montrer le fruit de ton art à l'audience. La seconde partie, une fois que tu t'es trouvé toi-même, c'est de reconstruire ton rapport au dehors.